La pédagogie de Maria Montessori à travers son livre « L’enfant » – Les idées-clé (Partie 1/3)

La lecture du livre « L’enfant » de Maria Montessori m’a profondément touché. Malgré un style d’écriture assez lourd (le style du XXème siècle n’est plus au goût du jour, avec des phrases longues et de nombreuses répétitions), j’ai trouvé le contenu très enrichissant et toujours d’actualité.

J’avais déjà pris conscience de l’importance d’être un « modèle » pour l’enfant, qui pour se construire mime l’adulte (par exemple, il sera difficile à un enfant de ranger ses jouets si les adultes autour de lui ne sont pas eux-mêmes attentifs à ranger leurs affaires). J’avais également beaucoup appris et mis en application concernant la communication bienveillante, notamment à travers les livres d’Adele Faber et Elaine Mazlish (un article y sera consacré).

La lecture de ce livre a été révélatrice pour moi sur les 3 points ci-dessous.

  • Il m’a permis de comprendre pourquoi, par phases, les jeunes enfants semblent devenir très capricieux, ce qui génère de nombreuses tensions au sein des familles et qui s’explique généralement, par le besoin impérieux de l’enfant de répondre à une quête interne sur une certaine période, appelée « période sensible » par Maria Montessori.  Pendant ces périodes sensibles (qui se retrouvent chez tous les enfants mais pas forcément au même âge ni avec la même intensité), l’enfant réalise des acquisitions impressionnantes sur une aptitude particulière, sans efforts visibles (exemples : explosion du langage, apprentissage de la marche, besoin impérieux d’ordre sur certains objets ou dans certaines situations, volonté de saisir tous les petits objets, attrait pour tous les petits animaux…). Mais si l’adulte entrave la réalisation de ces besoins internes, cela déclenche de grosses colères. Lorsque l’adulte arrive à identifier le besoin auquel l’enfant cherche à répondre, les colères/caprices disparaissent comme par enchantement !
  • L’importance d’adapter l’environnement aux besoins de l’enfant, afin d’accompagner l’acquisition des enfants en cours de développement lors d’une période sensible, mais aussi et surtout, pour lui permettre de « faire seul« . Il est très important que l’environnement encourage l’autonomie afin que l’enfant soit libre de ses mouvements et de ses activités, développe son auto-contrôle et sa concentration. C’est ainsi que l’enfant va affirmer sa confiance en lui. Bien sûr, pour que l’enfant puisse être libre de ses choix d’activité, il est important de retirer de son environnement les « obstacles ». Aujourd’hui, en fonction de leur utilisation, les écrans peuvent représenter de nouveaux obstacles potentiels au bon développement de nos enfants, peuvent contrarier leur « plan interne de développement » : de nombreux programmes télévisés ou jeux vidéo sont addictifs et nos enfants généralement n’ont pas encore la volonté suffisante pour pouvoir limiter leurs usages ou le recul nécessaire. Il est donc important d’identifier les règles d’utilisation de ceux-ci (ces règles peuvent être réajustées régulièrement à la demande de l’enfant mais l’adulte doit rester ferme sur les limites à ne pas franchir, ce qui sera plus facilement accepté par l’enfant s’il lui expliquer les raisons).
  • Le positionnement de l’adulte : il ne doit pas être un « maître » qui délivre la connaissance mais un guide, qui aide l’enfant à faire seul, protège sa concentration, donne des indices plutôt que répondre aux questions pour favoriser la réflexion de l’enfant. Cependant, l’adulte doit aussi savoir se montrer ferme, pour interrompre, physiquement s’il le faut, tout acte qui ne respecte pas les règles primordiales : action qui met en danger l’enfant, actes de violence physique ou verbale, entrave à la concentration d’un autre enfant, etc. (le nombre de ces règles primordiales doit rester très restreint).

Sommaire des sujets adressés dans cette série de 3 articles :

Idées-clé partagées dans le livre « L’enfant »

Dans son livre « L’Enfant », Maria Montessori, médecin italien du début du XXème siècle, pose le cadre de la nouvelle démarche éducative qu’elle a initiée et expérimentée. Cette démarche, complètement révolutionnaire pour l’époque et toujours d’actualité, positionne l’enfant et ses besoins au centre, afin de permettre à l’enfant de déployer ses pleins potentiels.

Adoptant une démarche scientifique, Maria Montessori transmet dans la première partie de son ouvrage, les principaux apprentissages qu’elle a tirés de ses nombreuses heures d’observation des jeunes enfants, que ce soit des enfants handicapés ou des enfants normaux évoluant dans des « Maisons d’Enfants ». Le premier apprentissage fondamental qu’elle nous livre, est que chaque enfant évolue à partir d’un plan interne de développement qui lui est propre, défini par la nature, et qui détermine la destinée de l’adulte. Le second apprentissage essentiel, un pilier de sa pédagogie, est l’identification de « sensibilités » particulières qui surviennent dans le développement de tous les enfants. Pendant ces « périodes sensibles », l’enfant acquiert spontanément des connaissances, sans effort. L’environnement de l’enfant doit donc être adapté pour permettre à l’enfant de développer cette sensibilité, d’acquérir cette compétence lorsque la sensibilité apparait. Lorsque l’adulte entrave l’acquisition d’une sensibilité, alors l’enfant va le manifester dans son comportement. Ne comprenant pas la cause de la perturbation du comportement de l’enfant, l’adulte en déduit qu’il s’agit un caprice. Pour Maria Montessori, le caprice est en fait l’expression extérieure de besoins insatisfaits.

Puis dans une seconde partie, Maria Montessori définit les bases de son « éducation nouvelle » exploitant tous les apprentissages préalablement présentés. Cette éducation nouvelle a pour objectif de permettre à l’enfant de développer le meilleur de lui-même dans le respect de sa nature, d’exprimer son individualité, pour qu’il soit en mesure de s’intégrer le mieux possible dans le monde d’adultes de demain. La principale règle de cette éducation nouvelle, est le respect de la personnalité de l’enfant, qui nécessite la suppression de tous les obstacles qui pourraient se dresser en travers du chemin de son épanouissement, de la mise en œuvre de son « plan interne de développement ». Ainsi, les éducateurs, l’environnement matériel et le matériel pédagogique qui entourent l’enfant, trois éléments que Maria Montessori englobe dans la notion d’« ambiance », qui sont réduits au rôle de « support ».

Enfin, dans la dernière partie de son livre, Maria Montessori met en exergue un postulat fondateur : tout enfant nait avec des qualités enfantines intrinsèques ! Si le comportement de l’enfant ne reflète plus ces qualités enfantines, c’est que l’enfant a été « dévié ». Lorsque l’enfant n’a pas pu suivre son plan interne de développement, de multiples conséquences sont possibles et se traduisent par l’apparition de travers dans son comportement, que Maria Montessori nomme des « déviations ». Elle précise que si on ne permet pas à l’enfant de développer ses qualités humaines dès le début de sa vie, ces qualités s’émoussent et peuvent même disparaitre. Dans tous les cas, la guérison passera par l’adaptation de l’ambiance aux besoins de l’enfant. Cette adaptation permettra à l’enfant de se concentrer, en mobilisant toute son attention. Et c’est cette concentration qui permettra à l’enfant de mobiliser et de développer toutes ses qualités enfantines. Le rôle de l’adulte est donc primordial, il doit aider l’enfant à faire seul ; il n’a pas besoin d’en faire plus car l’être humain se construit lui-même.

NB : j’ai créé une page dédiée aux définitions concernant la pédagogie de Maria Montessori ainsi qu’un glossaire des termes utilisés sur ce site .

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L’enfant doit suivre son « plan interne de développement »

Dans la première partie de son livre, Maria Montessori met en lumière le fait que l’enfant acquiert seul les premiers grands apprentissages. Bien que l’enfant naisse inerte, il apprendra à marcher et à parler seul. C’est ainsi que Maria Montessori montre que l’enfant porte en lui les directives de son développement physique et psychique. Elle met aussi en exergue que, bien que tous les hommes naissent de la même façon, certains deviendront des artistes hors-pairs, d’autres de grands sportifs, d’autres encore des saints ou des héros, tandis que d’autres deviendront des délinquants. Il y a donc un cheminement, un « plan interne de développement » ou « code interne », propre à chacun, qui oriente le développement des individus.

Maria Montessori rajoute que ce plan de développement peut être dévié par « l’intervention intempestive de l’adulte, volontaire, exalté par son pouvoir illusoire ». Face au corps inerte de l’enfant à sa naissance, l’adulte a considéré qu’il ne devait pas seulement assurer les soins physiques à cet être faible mais qu’il avait aussi la responsabilité de le « modeler », de construire sa vie psychique, en lui donnant des directives afin de développer chez lui intelligence, sentiment et volonté. Elle en conclut, qu’ayant compris ce cheminement de l’enfant, l’adulte doit évoluer pour adapter son attitude aux besoins et quêtes de l’enfant. L’adulte ne doit plus être un éducateur mais un « tuteur » qui permet à l’enfant de développer tout son potentiel, comme un « tuteur » de tomates qui permet au pied de tomates de s’élever vers le soleil et d’être plus riche en fruits.

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Et vous ?

Avez-vous lu ce livre ? Qu’en avez-vous pensé ? Est-ce qu’il a eu un impact sur votre vision de l’éducation ? Avez-vous modifié votre façon d’agir avec vos enfants suite à cette lecture ?

Et si vous ne l’avez pas lu, que pensez-vous des grands principes de Maria Montessori décrits dans cet article ? Êtes-vous en adéquation ? Est-ce que cela donne du sens à certaines situations vécues ?

Votre avis m’intéresse, car il permet de confronter différentes expériences, différents points de vue et, de cette façon, d’approfondir la réflexion.

Je compte donc sur vous pour laisser un commentaire ci-dessous ! Merci 🙂

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Lire la suite : La pédagogie de Maria Montessori à travers son livre « L’enfant » – Les périodes sensibles, les caprices, l’attitude de l’adulte, la conception des activités (Partie 2/3)

Livre recommandé

L’enfant de Maria Montessori

Edition : Desclée De Brouwer

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Recherches utilisées pour trouver cet article :

Maria Montessori, Livre L’enfant de Maria Montessori, périodes sensibles, pédagogie

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